Ca m'a fait plaisir de rencontrer tout le monde jeudi soir. On a passe une soiree tres agreable en votre compagnie (Claude peut-etre un peu moins que moi mais bon, ca l’obligera a s’y mettre au francais). Il faut que je me decide a ecrire mon premier article. Ce ne sera pas encore pour cette fois mais promis, je le ferai a mon retour des vacances de Noel. Par contre, je vais mettre en ligne quelques articles que j'ai ecrits pour le journal de la residence universitaire ou je logeais il y a quelques annees. Ces articles ont ete rediges lors de mon premier sejour aux Etats-Unis en 1997. J'etais partie pour 8 mois en programme d'echange a San Jose State University. Voici donc le premier article ou je livrais mes impressions de la vie outre-Atlantique.
HYMNE A LA FRANCE
Tout d’abord, un bonjour aux anciens et nouveaux locataires de Concordia. Je trouve épatante l’initiative qu’ont eue les gens du comité de lancer ce journal et je tenais aussi à apporter ma contribution.
Je ne vais pas être très originale pour cette première fois mais puisque je suis aux Etats-Unis, il me paraît normal de vous donner mes impressions de là-bas.
J’ai toujours détesté les sentiments nationaux surtout que je me considère comme appartenant à plusieurs cultures (française et vietnamienne). De plus, notre chauvinisme français est très caractéristique et peut parfois conduire à quelques manipulations très adroites de la part de quelques hommes politiques (ou plutôt un seul). Mais bon, mon intention n’est nullement de faire de la politique et encore moins de créer de polémique.
Toutefois, je veux ici expliquer comment j’en suis arrivée à devenir une “chauviniste” de la France et cela à mon grand étonnement.
Je suis aux Etats Unis depuis maintenant trois mois et la chose qui me manque le plus est...le bon pain français!!! Je vous assure que je n’ai jamais été une grande fana de pain mais ici, qu’est-ce que je donnerai pour avoir une bouchée de cette baguette dorée, farinée, craquante sous vos dents. Je me rappelle passer devant les boulangeries de la rue Tournefort et l’odeur délicieuse du pain cuisant dans les fours me mettait souvent l’eau à la bouche. Le goût du pain ici est insipide. Un gros bloc de farine dur comme de la pierre. Vous avez beau le mâcher et le remâcher, vous sentez toujours ce goût pâteux désagréable dans votre bouche et ce n’est qu’avec grande difficulté que vous arrivez à l’avaler. Et le comble, c’est qu’ils osent appeler ce truc “french bread”!??!!! J’ajouterai que d’autres aspects de la cuisine américaine sont à déplorer mais je n’ai pas le temps de m’y étendre, peut-être une autre fois.
Lorsqu’on aborde la vie sociale des Américains, il est difficile de trouver une réponse à cette question. Leur vie sociale ne se résume qu’à une seule chose: leur petit nid familial et leur télévision. Je n’ai peut-être pas la chance d’habiter dans une ville touristique comme San Francisco mais la vie à San Jose est tout simplement monotone. Dès que le jour tombe, vous ne voyez plus personne dans les rues. Je rentre parfois de mon boulot vers 7h30 et au lieu d’attendre le bus, je préfère marcher car ça me permet de me dégourdir les jambes. Et bien, durant les 45min. de marche, me croirez-vous si je vous dis que je ne croise personne sur mon chemin? Où sont les gens? Ils sont tous dans leurs voitures ou encore à leur travail ou tout simplement chez eux bien au chaud. Parfois, j’ai l’impression de me trouver dans une ville fantôme si ce n’est les lumières des maisons qui me rappellent qu’il y a bien une vie (?) autour de moi. J’ai été habituée à sentir cette atmosphère si particulière de la rue Tournefort et de la Place Contrescarpe avec toute son activité, ses bruits de pas, ses murmures ... que le décalage ici est assez brusque et déconcertant. Je ne sais pas comment décrire ce que je ressentais dans ce petit coin de Paris mais c’était comme un tourbillon de vie nouvelle qui passait par là tous les jours. C’est drôle, c’étaient des choses auxquelles je ne prêtais pas attention auparavant et qui me sont maintenant si chères.
Il y a tellement de choses que je voudrais ajouter pour dire que la France est magnifique et que je l’apprécie davantage maintenant que je suis ici. Mais cela me prendrait des pages et des pages et les éditeurs vont grommeler, j’en suis sûre.
Par contre, qu’est-ce qu’il y a d’intéressant aux States, me demanderez-vous? Eh bien, pas grand chose. Peut-être des sites magnifiques à voir mais je crois que la France offre encore une plus grande diversité de paysages sur un territoire plus réduit; reste seulement à trouver le temps de les parcourir.
Autre point favorable: A San Jose, la communauté vietnamienne est très nombreuse et beaucoup d’initiatives sont entreprises pour developper la culture de mon pays natal. C’est très intéressant pour moi mais je crois que les Français de “pure souche” n’y trouveront aucun intérêt.
Enfin, il reste l’unique chose qui a fait la réputation et la puissance des Etats-Unis et qui a créé ce mythe du “American Dream”: le $. Ce rêve américain est toujours très vivace dans le monde et continue d’attirer des millions de personnes aux portes de ce “paradis du billet vert”. Pour moi, c’est bien la seule raison qui pourrait expliquer cet afflux vers les Etats-Unis. Quant à moi, “my dream to America” s’est réalisé mais avec lui s’est aussi envolé “my American Dream”. Comme on le dit, ce n’était qu’un rêve, un rêve merveilleux plein d’espérances qui a fait place à la réalité et à la réalité tout simplement.
Xuân Nga
PS: Ironie du sort, c'est maintenant dans ce pays que je reside. Qui l'aurait cru lorsque j'etais rentree en France? J'etais bien decidee a y rester mais voila, la vie est pleine d'imprevus: j'avais laisse Claude dans son petit bourg de Sunnyvale; en outre, on venait de me proposer un bon poste dans la Silicon Valley. Tout cela etait tres tentant et finalement, j'ai decide de faire quelques compromis et de retenter l'aventure americaine. Certes, je n'ai plus le mal du pays mais mon opinion sur la vie americaine a peu evolue depuis cet article.
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