Avertissement : les conseils ci-dessous ne sont pas ceux d’un professionnel de l’immigration. Ne prenez donc pas de décision irréversible basée uniquement sur cet article. Rien ne remplace l’avis d’un professionnel.
Vous voilà donc pink-slipped, laid off, fired, downsized, canned, bref licencié, et sans carte verte ni conjoint sous visa de travail. Sur le papier, on dirait qu’il va falloir faire vos valises. Pas de panique, vous n’aurez peut-être pas à quitter le pays. Première chose à faire : si vous n’avez pas d’avocat spécialisé en immigration, trouvez-en un. En général, les ressources humaines de votre ancienne entreprise devraient pouvoir vous indiquer des pistes – leur(s) avocat(s) ne peuvent vous conseiller une fois votre licenciement effectif à cause d’un conflit d’intérêt. Le consulat peut également vous aider.
N’oubliez pas de demander aux ressources humaines votre exemplaire concernant votre précédente demande de visa, incluant photocopies de diplômes, acte de naissance, et les traductions certifiées.
Premier conseil : si vous souhaitez rester sur le territoire américain, ne le faites pas à tout prix. Mariage blanc et emploi au noir sont illégaux et à déconseiller, et rares sont ceux qui ne regrettent pas de s’être engagé dans l’une de ces voies.
Autre conseil essentiel : à moins que vous n’ayez décidé de rentrer au pays, ne quittez pas immédiatement le territoire américain. Votre visa ayant expiré, il est fort probable qu’à votre retour, l’officier de l’INS vous refuse l’entrée au territoire, même si votre escapade au Mexique n’a duré que 3 jours. Vous seriez alors obligé de demander à vos amis de rapatrier vos affaires en France et de prendre soin de toutes les formalités nécessaires. Évitez également les vols domestiques, où les contrôles se font de plus en plus sévères, notamment si vous voyagez vers des régions frontalières ou via des aéroports internationaux.
Première idée reçue : votre visa est encore valable 10 jours après votre licenciement.
Faux. Contrairement à ce que vous pourrez entendre ici et là – y compris de la part d’avocats spécialisés – votre visa expire le jour de votre licenciement, et non pas 10 jours plus tard. Les 10 jours en question ne s’appliquent que lorsque votre visa H1b expire après un renouvellement – donc après 6 ans de visa H1b.
Autre idée reçue : vous disposez de 30 jours pour quitter le pays.
Faux. En pratique, la loi ne stipule pas de durée précise, mais parle seulement de période «raisonnable». Les responsables de l’INS se basent en général sur la jurisprudence, qui donne en général 30 jours environ pour faire ses valises. Si vous dépassez, pas de panique, mais prévenez l’INS, et au-delà de 60 jours, vous pourriez être dans le pétrin. Si vous souhaitez revenir aux États-Unis plus tard, respectez donc ce délai «raisonnable», ou il pourrait vous en coûter une interdiction du territoire pour 5 ans ou plus.
Dans tous les cas, si vous avez besoin de plus de 30 jours, ou si vous êtes incertain sur votre situation, renseignez-vous auprès du consulat, qui vous réorientera vers un avocat spécialisé en immigration.
Retrouver un emploi en moins de 30 jours est difficile, mais pas impossible, notamment pour les plus diplômés et expérimentés. Évidemment, la situation économique rend les choses beaucoup moins faciles qu’il y a seulement encore deux ans. Si vous trouvez presque immédiatement un employeur, il est tout à fait possible d’envisager un transfert de votre visa H1b sous 30 jours vers une autre entreprise.
Même si votre visa a déjà expiré, si vous retrouvez un emploi rapidement, vous pouvez obtenir un visa dans un délai raisonnable. Grâce à une loi votée par le Congrès l’année dernière, il existe désormais un service appelé «premium processing» qui permet d’obtenir auprès de l’INS un visa H1b sous 14 jours, moyennant 1500 dollars de plus. Certains employeurs ne sont pas nécessairement au fait de cette nouveauté, n’hésitez donc pas à la mentionner au manager recruteur si jamais votre statut pose problème.
Au pire, si vous ne retrouvez pas d’emploi sous les 30 jours, rentrez en France ou installez-vous provisoirement chez un ami au Canada, et faites votre recherche d’emploi de là-bas. Il vous est bien entendu toujours possible de quitter le territoire et de revenir avec un visa touriste pour finaliser vos affaires. Vous pouvez en profiter pour rechercher un emploi, mais c’est à vos risques et périls, et fortement déconseillé, sauf si vous avez déjà des entretiens en vue.
Dans tous les cas, ne faites pas de plans à long terme : même si en théorie un visa touriste est valable 90 jours, l’officier de l’INS qui tamponne votre passeport à l’arrivée peut très bien décider que vous n’avez besoin que de 15 ou 30 jours pour rendre visite à vos amis – c’est lui qui entre la date d’expiration de votre visa dans le système et sur votre passeport. Si vous avez donc déjà des rendez-vous pour des entretiens, n’arrivez pas un mois auparavant, mais plutôt une semaine au préalable. N’apportez rien dans vos bagages ou sur vous qui puisse suggérer que vous ayez l’intention de rester. Si vous quittez le pays pour revenir avec un visa touriste, laissez ici ou en France vos cartes de crédit et de débit sur des comptes américains, votre carte de sécurité sociale US, permis de conduire californien, titres de propriété, grosses sommes en liquide et autres papiers qui pourraient laisser croire que vous revenez vous installer illégalement.
Si vous revenez avec un visa touriste et avez besoin de rester plus longtemps que prévu pour régler quelques affaires, contactez l’INS et expliquez pourquoi il vous faut un peu plus de temps. Si l’employé auquel vous vous adressez est bien luné et que votre raison est valable, vous pourriez facilement obtenir une extension.
Si vous ne retrouvez pas d’emploi dans les 30 jours et ne souhaitez pas quitter le pays, il vous reste une option : devenir étudiant. Si vous avez un peu d’argent de côté, vous pouvez vous inscrire dans un établissement spécialisé dans la formation continue. Dans la région, ils sont légion, de Santa Clara University à De Anza College, en passant par les «extensions» de Berkeley et l’Université de Californie de Santa Cruz. Le moins cher est probablement De Anza. Les tarifs varient en fonction des cours suivis. Bon point : le coût de la scolarité est déductible d’impôts.
L’idéal est de suivre des cours qui vous permettront d’obtenir un «certificate program». Ce certificat n’a évidemment pas la valeur d’un BA, mais il ne fera pas tache sur un CV, surtout si l’institution où vous l’obtenez est réputée.
Attention, les inscriptions pour le deuxième trimestre sont imminentes, donc dépêchez-vous. Il vous faudra au préalable obtenir un rendez-vous avec le responsable des étudiants étrangers, car il y a de la paperasse à remplir.
Vous devez être un étudiant à plein temps pour pouvoir être éligible pour un visa F1. Ce qui signifie, dans le cas de cours du soir, que votre vie sociale va en prendre un coup, puisqu’il vous faudra prendre un certain nombre de crédits par trimestre (en général 12). Certains établissements qui sont en fait l’ «extensions» formation continue d’une université d’enseignement supérieur (UC Berkeley, UCSC) vous permettent de suivre des cours sur le campus principal qui ne compteront pas nécessairement dans votre certificat, mais dont les crédits seront comptés pour votre statu d’étudiant à plein temps. L’avantage de pouvoir prendre ces cours est qu’ils ont lieu dans la journée.
Une fois officiellement étudiant – la demande du visa F1 prend 3 à 5 mois avant d’être traitée, et nécessite une vérification de vos notes, qui doivent être satisfaisantes -, rien ne vous empêche, si vous retrouvez du travail, d’obtenir un H1b – y compris si votre demande pour un F1 est toujours en cours de traitement. Mais attention : tant que votre visa F1 ou H1b n’a pas été approuvé, ne quittez pas le territoire, ou vous vous retrouveriez dans une situation kafkaïesque - pas de visa, donc pas d’entrée sur le territoire, donc pas moyen de suivre vos cours, donc pas de visa...
Il reste une autre option pour pouvoir rester légalement sur le territoire américain. L’une d’entre elles est, si vous disposez de 500.000 dollars minimum, est de créer votre entreprise, ou d’investir dans une entreprise locale. Consultez un avocat spécialisé pour ce type d’option, qui reste délicate, et pour laquelle vous devez prouver que vous créerez des emplois pour des citoyens américains.
À vous d’explorer vos options – mais encore une fois, évitez les plans foireux et illégaux. Il pourrait vous en coûter cher. Bonne chance.
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